jeudi 28 mars 2013

Les raisons d'une dispense

On se demande parfois les raisons qui pouvaient motiver les dispenses de bans. Dans le cas de Claude Cahouet (un cousin, fils de Catherine Robert, la soeur d'un ancêtre) et Marie Anne Betoulaud, les futurs ayant respectivement 39 et 45 ans, ce n'était probablement pas pour camoufler une grossesse avant le mariage.

Pour ce mariage, glissée entre deux pages de registre, la lettre du procureur impérial de Saint-Amand m'apprend pourquoi et comment ils ont obtenu cette dispense. En voici le contenu :

(source : Archives départementales du Cher - 3E 1710 - p. 70)
"Napoléon par La grace de dieu et les lois de l'état empereur des français, Roy d'italie, protecteur de la Conféderation du Rhin, mediateur de la confederation Suisse a tous presens et averrés Salut
Nous jean Baptiste thevenard-guérin procureur impérial au tribunal Civil de 1ere instance du 3e arrondissement du chef Séant à St. amand
vû l'exposé à nous fait par Claude Cahouet ancien militaire demeurant en la ville de chateauneuf qui étant sur le point de se marier avec marie Betaut domiciliée à Bourges, il auroit seulement fait publier ses Bans à Bourges, et non à chateauneuf ou demeurent ses pere et mere, par cequ'on lui avoit assuré quetant majeur, cette formalité étoit inutile ; quil Se Serait presenté à l'officier de L'etat civil de chateauneuf pour faire célébrer son mariage, qui s'y seroit Refusé à défaut de publication de Bans au domicile de Ses père et mère, qu'alors il a été forcé de faire publier 1 premier Ban dimanche 5 mars que toutes ses affaires étant pretes pour Son mariage il eprouvera une perte considerable et seroit privé d'avoir à Sa fête differentes personnes invitées, pourquoy il nous a demandé dispense du Second Ban, en nous observant que Ses pere et mere assisteront à Son Mariage et y consentiront.
prenant L'exposé cydessus en consideration en Raison de la présence des pere et mere et de leur consentement audit Mariage, ce qui previent toute espece d'inconvenients.
vu le decret du gouvernemen du 20 prairéal an 11
au Nom de Sa Majesté L'empereur et Roy avons Dispensé et par les presentes Dispensons Claude Cahouet de la Seconde publication de Ban, autorisons L'officier de L'etat-civil de chateauneuf à passer outre à la celebration de Son mariage avec Marie Betouteaud, ordonnons que Ses presentes seront deposées au Secretariat de la Mairie de chateauneuf et qu'une expédition dans laquelle il sera fait mention du dépot, Sera delivrée par Le Secretaire, pour demeurer annexée à L'acte de celebration de Mariage.
fait et donné au parquet à St. amand 20 mai 1812."
De nombreuses informations intéressantes dans cet acte. Tout d'abord, Claude Cahouet rejoint le nombre grandissant des militaires dans ma famille maternelle. Ensuite, ce qui me marque, dans cet empire français post-république, c'est le mélange de laïcisme et de codes issus de la religion. 

Déjà, l'administration française dans toute sa splendeur requérant d'un homme de 39 ans de publier des bans dans la ville où résident ses parents afin de s'assurer de leur consentement pour se marier. Ensuite, la publication des bans qui se fait toujours le dimanche. Enfin, Napoléon, empereur "par la grâce de Dieu et les lois de l'état". Voici en tout cas la première dispense de ban que j'ai l'occasion de consulter. 

On imagine Claude Cahouet embêté avec les invités et la nourriture pour son mariage. Que faire ? Il va jusqu'au tribunal de Saint-Amand-Montrond avec ses parents pour régler l'affaire en vitesse. Voilà qui donne d'avantage de "chair" à nos ancêtres.



Un acte de décès ... oublié

J'aime beaucoup la lecture des registres paroissiaux parce qu'ils nous font découvrir la vie du village de nos ancêtres grâce aux notes qu'y faisaient souvent les curés. Mais parfois, même dans les registres d'état civil, plus administratifs, on peut découvrir des petites anecdotes, comme cet acte de décès hors norme dans lequel prennent part de nombreux membres de ma famille. 

Nous sommes à Châteauneuf-sur-Cher, en 1811...

(source : Archives départementales du Cher - 3E 1710 - p. 23)
"Aujourdhui Jeudy quinze aout, l'an mil huit cnet onze à dix heures du Matin Est Comparu françois Soulat laboureur demeurant aux logis des pluchettes Commune de Châteauneuf, veuf de Anne Cannard, depuis le quinze mai dernier, Lequel a Rapporté à nous maire de cette ditte commune, que ledit jour quinze mai dernier il avait Prié Jeanblin son oncle et son voisin de venir a la mairie nous déclarer que laditte anne Canard femme de lui comparant Etait décedée, que Jean blin s'était seulement presenté devant le marguiller de cette parroisse de Chateauneuf pour en obtenir la Permission de faire sonner et avait cru cette formalité suffisante, a defaut davoir Bien Compris ce que lui avait dit le Comparant, que ce deces n'ayant Pas Eté Constaté, comme il aurait du lêtre alepoque du quinze mai dernier, nous en avions referé à M. Leprocureur imperial autribunal civil de Première instance seant a Saint amand qui Par sa lettre du Jour d'hier nous a Repondu "que Rigoureusement Parlant il faudrait une Enquête pour constater ce deces, mais que Sil pouvait nous Etre attesté par des temoins digne de foi, il ne voyait pas dinconveniens a faire lacte" En Consequence etpour en effet nous avons fait appeler de notre office, Ledit Jean blain, agé de cinquante sept ans, le sieur mathieu dubois marguiller de cette paroisse, Jean billon sonneur et fossoyeur ; Jean Peruchon Journalier demeurant aux pluchettes françois Magny aussi Jr. françois Coutam manoeuvre, Jean Robert Journalier, les dits blin peruchon magny Coutam et Robert voisins dudit françois Soulat comparant tous de cette commune de Chateauneuf, Lesquels Etant Comparus Pardevant nous nous ont affirmé qu'ils avaient uneparfaite connaissance que la ditte anne Canard femme dudit françois Soulat etait Reelement decedée le quinze du mois de may dernier et avait Ete Enterrée le lendemain, que lesdits peruchon magny coutam et Robert, avaient porte le corps au cimetiere, le S. dubois attestant avoir donné le permis de sonner, Jean billon, avoir fait lafosse et l'enterrement, et ledit blin, avoir oublie de venir a la mairie faire la declaration du dit décès, dont le de tout ce que dessus nous avons fait Et Redigé le present acte de deces en presence des dits Comparans qui ont declaré ne savoir signer dece interpellés Sauf les Sr dubois et billon qui ont signé avec nous après avoir oui la lecture du present acte."
(source : Archives départementales du Cher - 3E 1710 - p. 24)

Ces personnages sont bien connus dans mon arbre généalogique. Jean Billon est cet éphémère officier d'état civil et mien cousin qui est aussi vigneron et sacristain. Mathieu Dubois est l'adjoint au maire, dont la fille a épousé un membre de ma famille. Jean Blin, qui a oublié de déclarer le décès, est le mari d'une autre Anne Canard (a-t-elle un lien avec la défunte ?), soeur de mon ancêtre François dit Germain Canard. Un bel exemple qui montre que malgré l'état civil fraîchement installé, nos ancêtres avaient toujours pour habitude d'aller à l'église faire sonner les cloches et au cimetière, mais pas forcément à la mairie pour déclarer les décès.

lundi 25 mars 2013

Que s'est-il passé le 20 mars ?


Le 20 mars 2013, un couple d'amis pianistes a donné naissance à une petite fille nommée Cyrielle Mihaela dont ils m'ont fait l'honneur d'être le futur parrain. J'ai cherché si dans nos ancêtres se trouvaient des Cyrille, mais il n'y en a pas. Nous avons néanmoins quelques Michelle par endroits.

J'ai plutôt décidé, pour rendre hommage à ce bébé nouveau né qui lira peut-être ce billet une fois grand, de parler brièvement de onze ancêtres (marqués d'une *) et membres de ma famille qui sont nés ou décédés le 20 mars à travers l'histoire (aucun mariage jamais ce jour là dans notre famille) et que j'ai trouvé à ce jour. Ils traduisent la grande diversité de milieux sociaux de nos ancêtres et du coup la grande richesse de notre arbre généalogique. Cyrielle n'est certes pas un membre de ma famille, mais étant ma filleule, nous avons un lien particulier désormais.

1869 - Clément Debanne

Clément appartient à cette grande fratrie des Debanne, installés à Issoudun, dans laquelle se trouve mon arrière-grand-père.

(source : Archives départementales de l'Indre - 3E 088/359-361)
Son père, Henri Clément Debanne est journalier, vigneron, puis "camionneur" à une époque ou le camion n'existe pas, bien entendu, ce qui signifie qu'il transporte des marchandises, ce qui l'emmènera jusqu'en Dordogne où l'une de ses filles est née. Sa mère, Louise Chuat est fille d'un vigneron.

Le petit Clément décède à l'âge de 16 mois.

An VIII - Hélène Bernard

Hélène appartient à la fratrie de 12 enfants qu'ont eu ensemble Alexis Bernard, tisserand, et Madeleine Gaillard, habitant à Châteauneuf-sur-Cher.

(source : Archives départementales du Cher - 3E 475 - p. 23)
A l'époque de la naissance d'Hélène (peu après la Révolution), le 20 mars 1800 se situe le 30 ventôse an VIII. Je ne connais pas encore sa destinée, mais elle fait partie de ces nombreuses Hélène de ma famille à Châteauneuf, prénom assez rare pour l'époque mais que je rencontre à nombreuses reprises parmi mes ancêtres.


An VII - François Tardy *

François Tardy est tisserand ou tixier en toile à Langon dans le Loir-et-Cher. C'est un autre 30 ventôse qu'il décède, à l'âge de 58 ans environ.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 5MI110/R1- p. 637)
 Il avait épousé Jeanne Ardouin avec laquelle il a de nombreux enfants, dont mon ancêtre Véronique Tardy.

1781 - Bernard Montastier

Nous continuons notre remontée dans le temps avec Bernard Montastier, fils d'Aubin Montastier et Marie Baffet, couple de cultivateurs de la Dordogne. Bernard a été baptisé à la naissance le 20 mars 1781 dans le village de Chaleix.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI12604_001- p. 714)
Je ne sais pas grand chose de ce Bernard si ce n'est que son arrière-grand-père portait l'original prénom de Gelibert (dont les enfants s'appelaient Marsalle ou Christofle). La joie des prénoms étranges du sud ouest !

1740 - Marguerite Debanne

Encore une Debanne, et encore une mort précoce pour Marguerite, fille de Pierre Debanne, qui fut successivement voiturier, roulier, vigneron et journalier et de Marie Pasquet.

(source : Archives départementales de l'Indre - 3 E 088/007-8 - p. 47)
La petite Marguerite était née le 27 février et décède le 20 mars. La vie était rude à l'époque et l'hiver dur à traverser pour un petit bébé.

1724 - Jacques de Couhé *

Nous passons maintenant en Charente avec Jacques III de Couhé, écuyer, seigneur de la Mothe-Chabernaud et de la Garde, un de nos ancêtres.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
Jacques est le fils d'un autre Jacques qui ne semblait pas posséder la seigneurie de la Garde, et de Léonarde de la Quintinie. La branche de la Motte de la famille de Couhé avait changé les couleurs de ses armes d'or et azur à argent et sable. Jacques III est décédé le 20 mars 1724.

1699 - Anne de Bastard

Anne appartient à la branche dite de Lafitte de la famille de Bastard, dont nous descendons de la branche principale. Son père, Léonard de Bastard, était capitoul de Toulouse, écuyer, co-seigneur de Lafitte-Vigordane et seigneur de Mirail.

(source : Généalogie de la Maison de Bastard, par Jean de Bastard comte d'Estang - p. XLVIII)
Sa mère, Perrette d'André, était la fille d'un autre capitoul de Toulouse. Elle décède à 48 ans et est enterrée, comme tous les notables de l'époque, dans l'église de Lafitte-Vigordane.

1695 - Jean Rouy

Forcément, je devais avoir un sarthois dans ma liste ! Voici donc Jean Rouy, fils de Marin Rouy, marchand de Coulans-sur-Gée, et de Marie Paris.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1 MI 1165 R2 - p. 214)
Les Rouy sont une famille de notables du village puisque le père de Jean, Marin, sera enterré dans l'église de Coulans-sur-Gée en 1716. Son oncle et parrain, un autre Jean Rouy, est prêtre chapelain, c'est à dire qu'il est attaché à l'église privée d'un château ou d'une maison noble.

1695 - Marie Paris *

Et justement, voici Marie Paris, la mère de notre petit Jean Rouy.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1 MI 1165 R2 - p. 214)
Marie est probablement morte en couches, puisqu'elle décède le jour de la naissance (tardive, elle a 42 ans !) de son fils. Elle est enterrée, comme le sera son mari, dans l'église de Coulans-sur-Gée.

1515 - François de Pompadour

1515 : Marignan ? Pas uniquement. Un cousin, François de Pompadour, qui sera abbé d'Uzerche (en Corrèze), est né le 20 mars 1515.


(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)


François est le fils d'un autre François, seigneur de Pompadour, baron de Treignac et vicomte de Comborn et d'Anne de la Rochefoucauld.

1461 - Alain de Rohan *

Et pour finir avec panache et avec une famille bretonne élevée au rang de famille princière, Alain IX de Rohan, décédé le 20 mars 1461 à l'âge de 79 ans.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
En plus d'être lieutenant-général en Bretagne, Alain est seigneur de Noyon-sur-Andelle, du Pont-Saint-Pierre, de Radepont, de Beauvoir et de la Garnache, baron du Pont-Château, vicomte de Rohan et de Léon et comte de Porhoët. Par son mariage avec la petite-fille du duc de Bretagne, Marguerite de Montfort (également fille de Jeanne de Navarre, reine d'Angleterre), il donnera Catherine de Rohan, mariée dans la maison d'Albret.

La femme de Alain, notre ancêtre Marguerite de Rohan, a pour arrière-grand-mère Eliška Přemislovna, reine de Bohême et femme de Jean l'Aveugle de Luxembourg. Quand on sait que la petite Cyrielle Mihaella a du sang tzigane, on se dit qu'il n'y a pas de hasard, même dans une parenté "spirituelle"...

mardi 19 mars 2013

Elisabeth Simonet découvre l'aventure


Même dans les petits bourgs comme Châteauneuf-sur-Cher, il pouvait arriver des mystères et des évènements inattendus à nos ancêtres.

(source : Arbre familial, via Geneanet)

Ainsi, l'une de nos ancêtres, Elisabeth Simonet, femme d'Etienne Nicolle, vigneron, a trouvé un bébé devant la porte de sa maison. Voici l'acte qui nous décrit les faits :

(source : Archives départementales du Cher - 3E 1708 - p. 207)
L'an mil huit cent six Le dix huit janvier a six heures du soir pardevant nous adjoint Et officier delétat Civil de Chateauneuf Est Comparu Elizabeth Simonet, femme d'etienne nicolle vigneron demeurant en cette commune, près la marche aubles. Laquelle nous a présenté un enfant du sexe feminin. ignorant le jour Et lheure de sa naissance ainsy que Les noms de ses pere et mere, declarant que cet enfant Lui a Eté apporté, dans un panier, Et deposé a sa porte, voila un quart d'heure Et que pour se mettre en Regle et eviter tous inconvéniens elle nous Lavoit présenté, Et avoit declaré Lui donner Les prenom de Elizabeth Charlote Carolinne d'avanture les quelles déclaration Et presentation faites En presense des Sieurs Pierre Vernet horloger, et pierre francois hervet, fils du sieur hervet maire de cette ville demeurants en cette ditte commune, les quels ont signés nous, Elizabeth Simonet, ayant declaré ne Savoir signer Lecture faite.
Chose étrange d'abandonner un enfant dans un petit bourg. Comment dissimuler une grossesse jusqu'à terme et abandonner ensuite son enfant sans que personne ne s'en rende compte ? La mère n'était peut-être pas du bourg ...  En tout cas, Elisabeth Simonet a fait preuve d'une grande imagination de prénoms pour nommer la petite Elisabeth Charlotte Caroline d'Avanture.

En tout cas, comme son nom l'indique, sa découverte fut une véritable aventure dans le village ! Malheureusement, l'aventure fut de courte durée car le 8 mars, la petite Elisabeth Charlotte Caroline décède dans la maison de Jacques Changeux, vigneron et époux en deuxièmes noces d'une autre de mes ancêtres, Françoise Hélène Dion, qui avaient sûrement décidé de s'en occuper.

vendredi 15 mars 2013

Recensement à Suris en 1891


(source : Archives départementales de la Charente - 6 M 208 - p. 1)
En attendant (impatiemment) la mise en ligne des archives paroissiales et d'état civil promises (payantes ou gratuites ?) au premier semestre 2013, je me suis dit que j'allais jeter un oeil sur les recensements mis en ligne (gratuitement) sur leur site. 

Toute la famille paternelle de mon grand-père paternel vient de Charente (soit un huitième de mes ancêtres quand même) pour qui je ne sais rien ou presque. Le peu que j'en sais vient de l'arbre généalogique que mon grand-père m'a envoyé il y a deux ans lorsque j'ai entamé les recherches sur nos ancêtres de Dordogne. Il avait fait ces recherches avant la mise en ligne des archives, en se déplaçant de village à village.

(Arbre généalogique réalisé par mon grand-père, source : photo personnelle, licence CC BY-NC-SA 3.0 FR)
En cherchant dans le village de Suris où vivaient les Desveaux à la fin du XIXème siècle, j'ai retrouvé le recensement de la famille de mon arrière-arrière-grand-père Pierre Desveaux dont j'apprends déjà qu'il était cultivateur.

(source : Archives départementales de la Charente - 6 M 208 - p. 12)
Il avait à l'époque 6 enfants à la maison avec sa femme Louise Besse. Son fils cadet, Baptiste, mon arrière-grand-père, naîtra deux ans plus tard en 1893. 

Les Desveaux, bien que cultivateurs, avaient à la maison un domestique âgé de 33 ans dont le nom n'est autre que Jean ... Chateauneuf ! Ça ne s'invente pas !

jeudi 14 mars 2013

Quand la République croise l'Ancien Régime


Retour à Châteauneuf-sur-Cher où j'explore, parmi d'autres, une branche de cousins de la famille Billon.
(source : Arbre familial, via Geneanet)

En 1791, tandis que la Révolution bat son plein et que le père Colas tient ses derniers registres paroissiaux, il écrit ceci lors du baptême de Jean Billon, fils de Jean Billon (mon oncle au 7ème degré) et de Jeanne Mery :

(source : Archives départementales du Cher - 3E472 - p. 237)
"L'an mil sept cent quatre vingt onze, le vingt cinquième jour du mois D'octobre a eté Baptisé par moi curé soussigné Jean né d'hier du legitime mariage de jean Billon officier municipal, et De jeanne mery son epouse..."
Jean Billon fait donc partie (à l'instar de nombreux membres de ma famille maternelle qui furent maires ou adjoints de petites communes) des tous premiers membres de l'administration municipale de Châteauneuf-sur-Cher. C'est étonnant de trouver cette fonction dans un acte de baptême. Il n'y avait a priori qu'en cette année de transition 1791 entre les registres paroissiaux et les registres d'état civil que je pouvais trouver une telle mention.

Jean Billon n'était qu'un modeste journalier et n'a sûrement dû son poste d'officier municipal au fait qu'il savait lire et écrire :

(signature de Jean Billon, source : Archives départementales du Cher)
Et vous, avez-vous des élus dans votre généalogie ?

mardi 12 mars 2013

La vertueuse Damoiselle de la Salle


Toujours en exploration de la famille de Bastard, j'ai trouvé l'acte de décès d'une mienne cousine : Louise de Bastard, dite Mademoiselle de la Salle, fille de Claude de Bastard, chevalier, seigneur de Fontenay-sur-Vègre, de Dobert, de la Chauvinerie, de Courgain, de Beaumont, de la Sicardière, de la Picorière, du Grand-Breil, de la Roche-Couasnon et de Ruillé et de Renée de Couasnon, inhumée en 1712 à Fontenay-sur-Vègre. Voici une mention insolite sur l'acte :

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1MI 1149 R1 - p. 163)
"Le vingt trois novembre est Decedée noble fille Louise De bastard ditte Dam.lle De La Salle plus élevée par sa vertu que par son sang, âgée de 45. ans ou environ son corps a ête Le Lendemain inhumé Dans Leglise au côte gauche du Coeur pres La muraille ..."
Etonnante mention n'est-ce pas ? Louise, restée célibataire, faisait-elle de bonnes oeuvres dans le village ?

Une mémoire à Fontenay-sur-Vègre


Tandis que je continue l'exploration de la branche sarthoise des Bastard, je suis tombé sur une véritable pépite sur la première page des registres les plus anciens (1570) de Fontenay-sur-Vègre (Sarthe). Un texte appelant à la mémoire de différentes personnes puis un autre listant les personnes enterrées dans l'église. Le tout est précédé d'une magnifique représentation à la plume des armes de mes ancêtres (à gauche) et de celles de la branche de Fontenay (du Maine) à droite avec le lambel comme brisure.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1MI 1149 R1- p.1)
En voici la transcription au cas où des latinistes, historiens et/ou généalogistes seraient intéressés :

+
D.O.M.
As Memoriam Veterum et honorandorum Curionum
Antique Curiae Fontenay-ad Vegram, in Cenomanenti Campania
qui rem divinam functi sunt,
Et un spem ultimi Judioci, in hâc Ecclesiâ Dormiunt.
Dominus Franciscus Hamoncuris. - Minere suc fungebatur antê annum 1570.
Vicé Parochi Petrus Maupoux. N.... Defay. Anteâ Ecclesiae Monumenta desunte.
D. Stephanus Gaultier. C.M.S. Fung. ant. an. 1594.
V.P. ... N.. Daurol.
hic etiam des. Eccles. Monum.
Renatus Coysnon. - C.M.S. Fung. ant. an. 1654. - Sepultus in hac Eccl. - 12 Dbre 1664.
Rom div. in hac Eccl. ann. 1664-7-9, functi sunt, cur, fontaen. veniâ, Discretus et
Nob. D. Jacobus de Bastard de la Paragère, Asinarius Curio, - Et anno 1673.
Nob. D. Ludovicus de Bastard de Dobert, sacerdos.
D. Philibert Fripier. - C. - M. S. Fung. 1664. ...... - Sepul. in hac Eccl. 7. sep. 1687.
.... V.P. Philibert Gaultier. . N.... DroysneauD. Jean. Bap. Poisson. - C.M.S. Fung. 1689.
D. Urbanus Brissard. - C.M.S. Fung. 1690. ..... - Sep. in hac Eccl. - 24 Db. 1712.
V.P. Joannes Jouallet. - Florentus le Roy.
Rem div. in hac Eccl. an. 1697-99, functus est. cur. fontan. veniâ.
Nob. D. Jacobus de Bastard de la Paragère, Dom. Dela Rouillonière, Castelli Coudreuse Capellanus, Sti Marci Oustilliarii Eccl. Curis.
D. Jnes. Carolus Ignard. - C. - M.S. Fung. - 1713. - ..... - sep. in Eccl. Mamerciâ - 11 août 1719.
V.P. Petrus Taillay. - N... Gandon.
D. Petrus Bourgeot. C. - M.S. Fung. - 1719. -
V.P. N. Taillay. - N.. Després.
Rem divân hac Eccl. an. 1755. functus est, cur. fontan. veniâ ; ..
Nob. D. Renatus Ma. Claude de Bastard-fontenay, [...] et decretate a Sorboniae Decanno et officialis Capituli Sancti Petri Canomani.
D. Carolus Peltier. - C. - M.S. - Fung. - 1737 - ..... - Sep. in hac Eccl. - 23. mai 1765.
V.P. N.. Taillay. - N. Tuillier.
D. N. .... de Mouessard. - C. - M.S. Fung. - 1766.
D. N. .... Drouet. - C. - M.S. Fung. 1790.
V.P. N. de Mouessard.
Requiescant in Pace.
+
D.O.M.
Ad Mamoriam Dominorum
qui in Antiquo Castello Fontenay. ad vegram, in Cenomanensi Campaniâ,
vixerunt, vitam benefaciendo transicrunt.
Et in spem Ulimi Judicü in hâc ecclesiâ Dormiunt.
Nobilis Urbanus de Bastard miles, dominus de Fontenay, Dobert, la Salle, Voisins, Rhimer. - Obitus ..
in castello Dobert aestate 44. - Sepultus. - 5 Jan. 1620. - Nuptus fuerat in hâc. Eccl. :
22. oct. 1596. - Anteâ Ecclesia Monumenta Defunte.
N. Ludovicus de Bastard miles, Dom de fontenay. - sepul. in hac. Eccl. 13 Nbre. 1659.
N. Claudius de Bastard miles, Dom. de fontenay, Dobert, Ruillé, la Roche-Couasnon Xa. Obitus.
in cast. la Roche-Couasnon. - seupl. in sanctuario Eccl. - 12 Dbr 1709.
N. et Casta Virgo Ludovica de Bastard dom. de la Salle, honoranda magis intutibus quâm sanguine.
- Sepul. in sanct. Eccl. ad parictem Sinistram, cast. 45. - 23 nbre. 1712.
N. Magdalena de Bastard Uxor Gr. de hauterive D. de Chenevières. - sep. in hâc Eccl. aest. 37. - 28 Db. 1712.
N. magnus et potens vir Dominus Urbanus-Claudius de Bastard miles iorguatur, marchio de fontenay, dom. Dobert, Ruillé Xa. -
Ordinis sancto Ludovico dicati eques, regis novium Praefectus, suâ virtute Clarus. -
Obitus in castello fontenay. - Sepul. in sanct. Eccl. aest. 68. - 25 [...] 1735.
N. Renatus de Bastard de Voisins, mil.tar, Dom. de Villeclair, ...... Dimacharum-fontenay Ductor. -
ord. Ste. Luc. dic. eques. - Conjue Annae Neveu Dom. de Chenevières. - Sepul. in hâc Eccl. - aest. 63. - 31 D.b - 1734.
N. et Cas. Virgo. Francisca de Bastard de Fontenay. - sepul. in sanct. Eccl. - astes 70. - 12 Mar 1736.
N. et Cas. Virgo Veneranda Felicia de Bastard dom. de Rimer. - obita in cast. fontenay. - Sepul. in sanct. Eccl. aest. 85. - 21 mai. 1754.
N. et Vener. Dom. Judith Langlois du Bourgay, dom. patrona du Bourgay (vidua nob. mag. et pot. viri Dyonisii de Bastardmil. Iorq. march. de fontenay, Dom. montreuil le henri, Dobert, Xa. ord. san Lud. div. equitis.
regis navium et Classium Proefecti. - factis et virtute clarissimi, obiti ad Judias occidentales 8 juill 1723.)
. Obita in Cast. Dobert. - Sep. in sanct. Eccl. - 31 mar 1762.
N. Maria Car. Elion. de Barrin de la Galissonnière ucor nob. mag. et pot. viri Joan. Bap. de Bastard de fontenay.
obita in cast. Dobert. aest - 54 - Sa sepul in casseterio hujus Eccl. - 24 Juil. 1784.
N. mag. et pot. vir. dom. Joan.-Bap. de Bastard de fontenay, mile, Dom. de Dobert et du Bourgay, M.C.E. de la Galissonière vidius
ord. san. Lud. dic. Eques.. regis marium Praefectus.
Obitus in Cast. Robert. - Sepul. in [...] huj. Eccl. - aest 75. - 2 Juil. 1787.
Requiescant in Pace.
+
A la Mémoire
de Ceux qui, endormis dans la Paix du Seigneur,
reposent, comme leurs Ancêtres, dans leur dernier sommeil,
en la paroisse de Fontenay-sur-Vègre.
Très haut et très puissant seigneur
Messire Denis-Charles-Louis de Bastard marquis de Fontenay,
seigneur de Dobert, Fontenay, Montreuil-le-Henry, et autres lieux,
Capitaine propriétaire d'une Compagnie de Dragons, au régiment d'Aubigné,
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Directeur de la Société royale d'Agriculture, au Mans ;
Mort à 80 ans au chateau de Montreuil-le-Henry, le 31 janvier 1789 ;
Ses restes mortels ont été transportés le 24 septembre 1887
du Cimetière de Montreuil-le-Henry, en celui de Fontenay par les soins
de son arrière petite-fille Alexandrine vicomtesse de Bastard d'Estang,
 assistée de son fils François comte de Bastard d'Estang.
+
Messire René-Marie de Bastard chevalier de Fontenay,
officier au régiment des chasseurs à cheval des Trois Evêchés,
officier de l'Armée de Condé
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
mort à 69 ans au chateau de montreuil-le-Henry le 22 Juillet 1824.
Ses restes mortels ont été transportés avec ceux de son Père le 24 7bre 1887 de Montreuil à Fontenay.
+
Messire René Urbain vicomte de Bastard de Fontenay,
capitaine au corps royal d'Artillerie, régiment de Besançon
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis,
mort à 92 ans au chateau de Dobert, le 21 novembre 1837.
+
Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay,
dame de Dobert, Fontenay et autres lieux,
fille de Jean-Baptiste-Denis de Bastard comte de Fontenay
Lieutenant-colonel de Dragons, chevalier de l'ordre royal et militaire de St. Louis,
morte à 67 ans, en son chateau de Dobert le 24 Juillet 1842.
+
Armand-Denis-Marie comte de Bastard de Fontenay,
Sous-Intendant militaire des armées du Roi aux campagnes d'Espagne, Morée et Alger
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
chevalier de l'ordre royal espagnol de Saint-Ferdinand,
mort à 62 ans à Paris, le 21 Juillet 1844.
+
Cécilia marquise de la Girouardière
fille d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay,
morte à 72 ans, à Paris, le 12 Janvier 1867.
+
Henri Bruno vicomte de Bastard d'Estang
Procureur Général de S.M. le Roi Charles X près la Cour royale de Riom,
Président honoraire à la Cour d'Appel de Paris,
Officier de l'ordre de la Légion d'Honneur,
membre du Conseil municipal de la commune de Fontenay,
mort à 77 ans à Paris le 9 Juillet 1875 ;
Fils de messire Jean comte de Bastard d'Estang, en Armagnac,
Chevalier, Conseiler du Roi,
Chevalier d'Honneur en la Cour Souveraine des Aides et Finances de Montauban,
Et neveu, par son mariage, d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay.
+
Alexandrine Vicomtesse de Bastard d'Estang,
dame de Dobert, Fontenay, et autres lieux ;
fille de Louis de Leuze de Saint-Dézéry, officier supérieur
chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur, et de l'Aigle Rouge de Prusse,
et de Laurence de Bastard de Fontenay ;
nièce et héritière d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontanay ;
morte à 76 ans, en son chateau de Dobert, le 12 septembre 1890.
De quoi s'agit-il ? Est-ce la liste des personnes inhumées dans l'église ? La liste des personnes pour laquelle on a demandé des messes ? Un début de généalogie ou la réhabilitation d'une généalogie des Bastard après la Révolution ?

En tout cas, la partie latine semble plutôt écrite au XVII ou XVIIIème siècle tandis que la partie française est (de toute évidence quand on regarde les dates concernées et l'écriture) de la fin du XIXe siècle. S'il y a des latinistes qui comprennent des parties du texte latin, je suis preneur, notamment au niveau des initiales C.M.S. J'imagine que V.P. veulent dire Vénérable et Prudent qui était un qualificatif pour les prêtres, mais je me trompe peut-être... A vos dictionnaires !

lundi 11 mars 2013

482 ans plus tard


Le flot de coïncidences géographiques continue. Tandis que je découvre la généalogie de nos cousins Bastard et que je démarre la branche établie dans le Maine, je découvre ceci :


(source : Généalogie de la Maison de Bastard, par Jean de Bastard comte d'Estang, p. 153)
Notre cousin Macé Bastard, secrétaire du roi Louis XI et possédant de nombreuses seigneuries dans la Sarthe, dont la ville de Chantenay-Villedieu a été enterré dans l'église de cette même ville en 1508.

Petit détail déconcertant : en 1990, j'ai été baptisé dans cette même église :

(Extrait de mon acte de baptême, original, source : Archives de l'Évêché du Mans)
La généalogie n'a pas fini de nous surprendre. Toujours revenir aux mêmes lieux ?

De la Mayenne à ... la Mayenne


Dans mon dernier article, je parlais de la prédestination géographique qui nous faisait toujours revenir sur les terres de nos ancêtres. Lorsque ma soeur et mon beau-frère se sont installés en Mayenne, je ne le savais pas encore, mais nous y avions de petites racines.

(source : Arbre familial, via Geneanet)

J'ai récemment fait quelques recherches sur une famille mayennaise dont nous descendons, les La Noë (ou La Nos). Pierre La Noë vivait à Vimarcé entre 1730 et 1770. A cause du curé de l'époque (Jean Vavasseur) qui ne faisait figurer aucun métier dans les registres, j'ignore absolument quelle a pu être la profession de Pierre. Je sais juste qu'il savait signer et qu'il ajoutait quelques "ruches" à sa signature.

(source : Archives départementales de la Mayenne)
Il signait donc plutôt Lanos, mais le père Vavasseur avait tendance à nommer ses enfants Lanoë ou La Noë (accent local ?), sachant que le tréma se mettait dès que deux voyelles se succédaient (ex : Loüis) mais n'influaient pas forcément sur la prononciation. Il ne faut donc pas imaginer une prononciation de type La Noé. Le 12 octobre 1730, dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Vimarcé, Pierre épouse Louise Breust, fille de Julien Breust et de Louise Timont.

(Eglise Saint-Jean-Baptiste de Vimarcé, source : photo personnelle, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

Ils auront ensemble sept enfants, qui vivront tous sauf un : Marie Louise, Pierre, Madeleine, Marin (mort jeune), Jacques, Julien et Louis Simon. Louise Breust meurt en 1741 et Pierre se remarie quelques mois plus tard avec Jacquine Tireau qui est déjà enceinte de leur premier enfant qui naîtra quatre mois plus tard : Marin Lanos. Il sera suivit de François. Jacquine meurt en 1748 et je n'ai pas encore trouvé l'acte de décès de Pierre La Noë. Peut-être a-t-il suivi son fils, Julien (dont nous descendons) à Loué, dans la Sarthe.

(Fonts baptismaux du XVe siècle dans lesquels furent baptisés nos ancêtres, source : photo personnelle, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)


Le plus étonnant, c'est qu'en cherchant des actes concernant la famille La Noë en Mayenne, j'ai trouvé un acte concernant nos ancêtres Branchu de la Sarthe. Ces deux familles s'allieront quelques générations plus tard.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
Marie Branchu, fille de Charles Branchu et de Françoise Beauvais qui habitent normalement à Chemiré-le-Gaudin, s'est mariée à Vimarcé en 1761. Le genre de découvertes que seul le hasard peut nous apporter car je n'aurais jamais été chercher un mariage aussi loin géographiquement. Elle habitait à Saint-Martin-de-Connée (toujours dans la Mayenne) avant son mariage. Ses parents étaient-ils avec elle ? Sont-ils décédés là-bas ?

Nous voilà donc avec plus de racines en Mayenne que nous ne l'aurions cru, même s'il ne s'agit que de deux branches de notre grand arbre.

jeudi 7 mars 2013

D'étonnantes coïncidences


Il y a un an, avant de démarrer ma généalogie, j'ignorais absolument que mon grand-père, Berrichon, avait des ancêtres ayant vécu au Mans, ma ville natale, au XVIIIème siècle. Entre les homonymes et les dates de naissances communes avec nos ancêtres, ce qui m'a le plus surpris, c'est une sorte de prédestination géographique étonnante, pour ne pas dire effrayante.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
On le voit bien sur cette carte, à part quelques ancêtres morts au loin (comme ce marchand drapier berrichon du XVIème siècle mort à Venise), nous venons de trois pôles géographiques en France : l'Ouest, le Centre, et le Sud-Ouest, formant une sorte de croissant dans les terres.

Lorsque j'ai commencé à remonter l'ascendance de la famille de Bastard, établie dans le Berry, le parcours m'a emmené vers Clisson, où on vécu nos ancêtres Métreau, cheminots, au XIXème siècle. Puis, vers le lieu d'origine des Bastard, qui étaient seigneurs de l'Île de Her, aujourd'hui appelée l'Île de Noirmoutiers, devant laquelle mes grands-parents possèdent une maison où nous allions chaque été étant enfants.

Les coïncidences troublantes ne s'arrêtent pas là, ce qui me pousse à continuer l'exploration des différentes branches de cette famille de Bastard. La branche de la Fitte s'est établie en Haute-Garonne, et j'ai trouvé hier l'acte de décès de Léonard Bastard, un cousin, décédé à Lafitte-Vigordane en 1693.

(source : Archives départementales de la Haute-Garonne - 2 E IM 5146 - p. 141)
"Le vint cinquiême jour du mois de Novembre mil six cens quatre vint treize est decedé Noble leonard bastard ancien capitoul de toulouse à neuf heures du soir age de quatre vint ans ou environs. Il a esté ensevelis le vint septieme dudit mois dans leglise de notre dame de querillou du lieu de lafitte present bertrand castaret & pierre fentanac veuf marault dudit la fitte qui ont dit ne scavoir signer en foi de ce me suis signé."
Coïncidence troublante, en effet, de trouver ce capitoul (adjoint au maire) de Toulouse au XVIIème siècle alors que toute une branche de mes cousins germains vit actuellement à Toulouse. Ce qui est étonnant, c'est qu'on retombe toujours dans les mêmes villes et les mêmes zones géographiques. Rien dans l'Est, le Nord, ou le Sud Est. Quelles que soient les branches, quels que soient les ancêtres, nous nous retrouvons toujours dans les mêmes villes et villages depuis des siècles.

Comme si la Providence s'amusait avec nous comme de pions, ou comme si nous étions destinés à vivre au même endroit que ceux qui nous ont précédé, sans même en avoir conscience. Et vous, avez-vous remarqué une prédestination géographique dans votre famille ?

mardi 5 mars 2013

Les trois mariages de Julien Le Bourcier


Tout à l'heure, après avoir réalisé la fiche de Julien Le Bourcier, je me suis donné comme objectif de retrouver l'acte de décès de sa femme, Marie Gasnier. La pauvre n'allait pas avoir une fiche incomplète ! J'ai donc recherché son nom sur les tables décennales tout en relevant au passage les Bourcier et Lebourcier que je pourrais trouver, au cas où.

(source : photo personnelle, licence CC BY-SA 3.0 FR)

Et j'ai bien fait, car j'ai ainsi découvert des informations sur Julien Le Bourcier, père de celui dont je vous parlais précédemment.

Je sais qu'on commence à se perdre dans tous ces Julien Le Bourcier. Je vais vous parler précisément de celui qui est mort en Indre-et-Loire. J'avais jusqu'à présent peu d'informations sur ce Julien, mis à part qu'il avait épousé Catherine Le Clerc et que cette dernière était morte en 1763. 

J'avais cherché en vain un autre mariage (sachant qu'on se mariait souvent dans la commune d'origine de l'épouse) à Marigné-Laillé, mais rien ne fut trouvé. Je savais juste qu'un Julien Le Bourcier qui avait les mêmes parents que l'époux de Catherine Le Clerc avait épousé Anne Berger, étant veuf d'Anne Fromager. Je le soupçonnais frère du Julien époux de Catherine Le Clerc. Vous suivez toujours ?

Mes recherches ont dont débutées par Pierre Joseph Bourcier, que je découvris fils de Joseph Bourcier et de Françoise Arrouard. La patience étant la clef, en généalogie, et ayant dans ma liste un mariage Lebourcier/Arrouard, je suis allé directement voir si, grâce à l'acte de mariage, je pouvais relier Joseph Bourcier à mes Le Bourcier.

Sur l'acte de mariage de Joseph Bourcier et Françoise Marie Arrouard, voici ce que je lis au croisement de deux pages :

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 197_14 - p. 281-282)

"... fils de deffunt julien Le Bourcier en sonvivant tailleur d'habit decedé commune de Saint Antoine Departement d'indre et Loire Le neuf frimaire an treize, et de deffunte anne fromager décédée en Cette Commune de Marigne Le cinq aoust mil sept cent quatre vingt deux..."
Afin de chercher à comprendre, je suis allé voir dans mon arbre mon Julien époux d'Anne Fromager pour le comparer au Julien époux de Catherine Le Clerc qui, lui, était bien décédé à Saint-Antoine l'an XIII. S'agissait-t-il d'une erreur dans la mention de l'acte de décès ? Le premier Julien était né vers 1732 d'après mes calculs, le second Julien était né en 1732. Il s'agit donc bien de la même personne. Grâce à cette superbe fonctionnalité de mon logiciel Heredis, j'ai pu fusionner les deux Julien et leurs enfants (il y a sûrement des doublons maintenant, il va falloir que je trouve les actes de naissance de chacun de ces enfants).

Julien Le Bourcier qui est mort en Indre-et-Loire a donc eu trois épouses :

  1. Catherine Le Clerc
  2. Anne Fromager
  3. Anne Berger
Comme quoi, dans la généalogie, les recherches ne sont pas forcément linéaires et on peut toujours avoir des surprises !

lundi 4 mars 2013

Auguste Louis Aimable Métreau, chevalier de la légion d'honneur, médaille militaire


J'ai récemment terminé mon objectif qui était de trouver tous les enfants de Jacques Mêtreau et Thérèse Nolin à Nouan-le-Fuzelier à la fin du XVIIIème siècle. J'ai alors pensé à regarder sur le site Leonore qui regroupe les titulaires de la légion d'honneur pour voir si un Métreau ne l'avait pas eu. Et bien, il semble que chaque branche de ma famille ait un médaillé. Après les Frémeau, les Gaveau et les Bastard, voici qu'un Métreau fut décoré de la légion d'honneur : Auguste Louis Aimable Métreau.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
J'étais sûr qu'il faisait parti de ma famille, car tous les Métreau de Nouan-le-Fuzelier sont issus de mon ancêtre Jacques Mêtreau émigré de la Vienne. Ayant le nom de ses parents sur son dossier de légion d'honneur, je suis donc parti à la recherche de l'acte de mariage de Louis Métreau et de Marie Euphémie Emilienne Laveille que j'ai vite trouvé à Nouan-le-Fuzelier en 1883. D'après cet acte, j'ai compris qu'Auguste Métreau était le cousin issu de germain de mon arrière-grand-mère Berthe Grelot.

Sur l'acte de mariage de ses parents, (célébré par François Amable Nolin, adjoint au maire, probablement de notre famille car il n'y a qu'une famille Nolin à Nouan-le-Fuzelier) dans la marge (et un peu coincé par la reliure), j'ai trouvé ce texte :

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 1 MIEC 161 R2 -  p. 229)
"cet instant, les parties ..us ont déclaré qu'il ... né d'elles, à la date ... quinze Avril dernier ...étreau Auguste Louis ...mable, inscrit sur ...s registres des naissances ... cette commune le même ...r sous le n° dix-neuf, ...'ils reconnaissent pour ....r fils légitime, voulant ...'il jouisse des prérogatives que ... enfants qui pourront ...ître de leur union."
Direction donc le 15 avril 1883, six mois avant le mariage de ses parents, où j'ai trouvé ceci :

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 1 MIEC 161 R1 - p. 387)
 "Métreau Auguste Louis Aimable garçon illégitime Légitimé par le mariage de Louis Métreau & de Marie-Euphémie-Emilienne Laveille, célébré en cette commune à la date du vingt-neuf octobre mil huit cent quatre-vingt-trois, et inscrit sur les registres des mariages sous le n° onze"
 C'est le père, Louis Métreau qui vient déclarer l'enfant, de lui et de sa femme "non mariés". Il lui donne par ailleurs le prénom de Aimable qui est celui du grand-père de l'enfant, mon ancêtre Clément Amable Métrop. Il y a donc peu de doute sur le fait que cet enfant soit donc bien le fils de son père.

Passons maintenant au dossier de légion d'honneur d'Auguste. J'y apprends que, comme son père et son grand-père, il est lui aussi charron. Pendant la Première Guerre Mondiale, il a combattu comme soldat dans le 89ème régiment d'infanterie de ligne.

(source : Drapeau du 89ème régiment d'infanterie de ligne de l'armée française, avec ses batailles, par Sémhur, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
Malheureusement, en 1915, il reçoit une grenade qui lui fracture la jambe droite, dont il sera amputé en partie.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 10)
Le dossier m'apprend que, le 23 mai 1916, tandis que la Première Guerre Mondiale bat son plein mais qu'il ne peut plus combattre du fait de son infirmité, Auguste reçoit la Médaille Militaire.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 7)
Afin de recevoir la légion d'honneur, sur proposition du Ministre de la Guerre, il doit faire dresser un rapport de gendarmerie attestant de sa moralité. Voici ce que dit de lui le maréchal des logis-chef Légeret le 18 janvier 1938.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 9)
"Le mutilé de guerre, Métreau, auguste-Louis-aimable, né le 15 avril 1883, à Nouan-le-Fuzelier, (Loir-et-Cher), demeurant dans cette localité, est bien considéré dans la commune. Sa conduite est exempte de reproches ; il est de bonne moralité ; et rien ne s'oppose pour l'instant, à ce qu'il soit l'objet d'une proposition de nomination dans l'ordre de la Légion-d'Honneur."
Pièce la plus touchante de ce dossier, une lettre manuscrite écrite de la main d'Auguste Louis Aimable Métreau demandant à être décoré devant le régiment où son fils Raymond est militaire de carrière. Voici la lettre en question :

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 6)
"Monsieur
En réponse a votre honorée du 28 Avril 1938.
Je vous envoie ci joint comme vous me le demandez
1° Mon acte de Naissance.
2° Mon livre de traitement de la Médaille Militaire.
D'autre-part, Je désirerais être décoré devant le front des troupes A Tours ou mon fils est sous-officier de carrière. Raymond Métreau au 32ème D'Infanterie 1ère compagnie. Tours. (Indre-et-Loire.
Je tiens a vous dire que le jour ou je serai convoqué je serai muni de la décoration.
Recevez Monsieur mes sincères salutations.
Métreau Auguste-Louis Aimable
a Nouan-le-Fuzelier. (Loir-et-Cher"
Malheureusement, Auguste ne sera pas écouté par l'administration et sera décoré à Salbris (Loir-et-Cher) par le capitaine Maurice André Louis Stanislas Angellin, commandant d'armes de la garnison de Salbris.

(source : Archives nationales -  19800035/0094/11738 - p. 5)
Voici donc un nouveau membre de la famille décoré de la Légion d'Honneur. Quel dommage qu'il n'existe pas de site internet similaire pour les autres décorations françaises ! Je suis sûr qu'il y aurait de nouvelles découvertes. Et vous, avez-vous trouvé des médaillés dans votre famille ?

Traverser les registres révolutionnaires de Nouan-le-Fuzelier


Aujourd'hui, je prends mon courage à deux mains et j'affronte ce que j'ai longtemps eu peur d'affronter : les registres d'état civil sous le début de la république à Nouan-le-Fuzelier, terriblement mal orthographiés par un membre d'une famille alliée à la nôtre : Louis Maudhuizon, officier public. Les curés de cette ville avaient la mauvaise habitude de ne pas (ou peu) mentionner les métiers des habitants, si bien que l'avantage de cette période d'après 1793 est que je vais en apprendre plus sur mes ancêtres.

En voici un exemple :

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 5MI161/R4 - p. 422)
"aujourdui vingt neuf avril a trois heure du soir, l'an deuxzième de la republique française est comparue devant nous louis maudhuizon officie publique nomè par le conseille general de la comune denoüan le fuzellier canton de salbry district de romorantin departement de loire et chair en la mezon comune de jean foltié aubergiste lequel assisté de gentien fleurÿ meunir et françoise dubois demeurant dan la paroisse à noüan tesmoins anexè par le dit jean foltié nous on presente une enfans feimelle lesquelle nous ont declarè estre ne dudit jour en son domicillè aindiqué cis dessus du mariage legitime de jean foltie et marie mistaine et les dits comparant ondonè le nom françoise foltie et les dit comparan on declare ne savoir signe avec nous sous nos registre double dans ledit jour avons acte"
Voilà le genre de charabia que je vais m'amuser à déchiffrer. Mais dans cet acte tout simple où Louis Maudhuizon confond encore le calendrier grégorien et le calendrier républicain, j'apprends que mon ancêtre Jean Foltier dont je connaissais précédemment les professions de charron (fabriquant de roues) et de cultivateur, a aussi été aubergiste (comme beaucoup d'autres de mes ancêtres au XIXe siècle). A-t-il profité du rachat d'un bien saisi par la république naissante ?

Sa fille Marie Marguerite Foltier épousera Louis Métrau, lui aussi charron. Et sa petite-fille Cécile Joséphine Métrau épousera Louis Noël Grelot, aubergiste. Solidarités de corporations ? En tout cas, même sous la république, on se marie toujours dans le même corps de métier.

dimanche 3 mars 2013

De nombreuses dispenses


Je viens de retrouver, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), l'acte de mariage du frère d'une ancêtre, Clément Nolin, avec Marie Scholastique Gandois (cette même Marie Scholastique qui fut marraine de François Bohémar Maitrau en 1776).

(source : Arbre familial, via Geneanet)


L'acte est intéressant en ce qu'il date du 2 décembre 1789. A Paris, la Révolution a déjà éclaté, mais en province, le cours des choses ne semble pas altéré. Les curés continuent de célébrer baptêmes, mariages et inhumation, et l'administration de l'évêché d'Orléans (avec à sa tête Louis-François-Alexandre de Sénas d'Orgeval de Jarente de La Bruyère) semble continuer de fonctionner.

Armes de la famille Jarente de la Bruyère (source : dessin personnel, licence CC BY 3.0)
J'en veux pour preuve les multiples dispenses que nécessite ce mariage. En effet, sous l'Ancien Régime, l'Église avait seul pouvoir d'unir les couples, et lorsqu'on était cousins jusqu'au 7ème degré, qu'on voulait se marier sans les annonces de trois bans ou que l'on voulait se marier durant une période interdite (Carême, Avent, etc...), il fallait demander une dispense soit au Pape (pour les familles les plus riches), soit à l'évêque, qui refilait généralement le travail à son vicaire général.

(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - 4 E 161/59 p. 14)
Voici ce que nous rapporte l'acte en question, où nos mariés ont eu besoin des trois dispenses dont je viens de parler :

"L'an mil sept cent quatre vingt neuf le deux de decembre aprés la publication dun Ban faite dans cette Eglise au prône de notre messe paroissiale sans qu'on ait decouvert aucun Empechement quelconque, les fianciailles faites la veille, je curé soussigné, ai pris le mutuel consentement de Clement Nolin fils majeur de pierre nolin, et de marie anne Beruer de cette paroisse d'une part, et de marie Scholastique gandois veuve En premiere noce de pierre le blanc aussi de cette paroisse dautre part, et vû la dispense des deux autres Bans, Ensemble la dispense du temps de L'avent, et celle de Consanguinité au quatrieme degré Entre les Epoux accordée par mr. Blain vicaire general en datte du premier decembre du courant, signé Blain vic. gen. et plus Bas par meunier Secretaire, les ai solemnellement conjoint En mariage par paroles de present, et leur ai donné la Benediction nuptiale En presence du coté de Lepoux de pierre nolin, et marie anne Berruer ses pere et mere, et du côté de Lepouse en presence de george nolin Beaufrere, de Louise gandois Soeur de Louis Sebastien georges nolin, Jean claude poulin martin chabré, hilaire desouches qui ont signé avec nous."
(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - 4 E 161/59 p. 14)
 Trois dispenses à la fois pour se marier ! Et vous, avez-vous déjà vu des cumuls de dispenses pour des mariages ? Après la Révolution, on pourra se marier entre cousins germains sans problème, mais on aura besoin de lettres patentes du président de la République pour épouser son beau-frère ou sa belle-soeur...