mercredi 26 février 2014

Le divorce des MARGUERITAT

Le fait n'est pas commun dans ma généalogie, je suis tombé sur un cousin divorcé au XIXème siècle. Et même doublement divorcé !

Jean Étienne DEBANNE + Catherine LAMOUREUX
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Catherine dite Clémentine DEBANNE                        Henri Clément DEBANNE
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Ivan Auguste MARGUERITAT           Henri dit Eugène DEBANNE
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                                                              Ma grand-mère
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                                                                Ma mère
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                                                                Moi

Les DEBANNE sont des vignerons d'Issoudun (Indre) qui n'épousent que des vignerons ou des parcheminiers. À la fin du XIXème siècle, deux personnes semblent être des "personnages" de cette famille : Henri Clément DEBANNE, mon ancêtre, qui popularise le nom de Clément/Clémence (à tel point que sa propre soeur signera Clémentine DEBANNE durant la deuxième partie de sa vie).
Et Ivan MARGUERITAT, époux de Catherine DEBANNE qui influencera bon nombre de nos cousins à tel point qu'on voit le prénom peu commun d'Ivan fleurir partout dans la famille.

Ces deux derniers sont les parents d'Ivan Auguste MARGUERITAT. D'abord représentant de commerce, il épouse à Pruniers (Indre) Julie Augustine DAUGERON, fille des épiciers du bourg. Je sais qu'il a divorcé de cette femme pour se remarier à Paris avec Julie Félicie Louise MADRE, demoiselle de magasin, dont il divorce l'année suivante.

(source : Heredis 2014)
Ce que j'avais oublié, c'est que les "actes de divorces" sont transcrits dans les actes de mariage jusqu'au début du XXème siècle. J'ai donc sans peine retrouvé son acte de divorce parisien d'avec Julie MADRE, sa deuxième épouse.

(source : Archives de Paris - V4E 8868 - p. 11)
Il ne m'apprend pas grand chose de précis, si ce n'est que sa femme a du fuir le domicile conjugal car il est précisé "sans domicile ni résidence connus en France, défenderesse défaillante". Il est à cette époque marchand de vins à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

C'est l'acte de divorce de Julie DAUGERON, dans l'Indre, qui est absolument savoureux et m'apporte plus de précision que le Paris Match de l'époque ! Entre la période où il est représentant de commerce et celle où il est marchand de vin, Ivan Auguste semble avoir eu une période de creux professionnel où il n'est que simple jardinier. Voici ce qu'il va en résulter pour son couple : 

(source : Archives départementales de l'Indre - 3 E 169/014 - p. 159)
"Madame Margueritat exposait qu'elle s'est mariée le vingt-deux Août mil huit cent quatre-vingt-trois avec Monsieur Ivan Margueritat, devant l'Officier de l'Etat Civil de Pruniers, Arrondissement d'Issoudun (Indre) sans contrat de mariage ; que deux enfants sont nés de cette union, mais qu'un seul est encore vivant ; qu'au début de leur mariage, les époux vécurent en bonne intelligence ; qu'après la naissance de chacun de ses enfants, l'exposante vint se placer comme nourrice à Paris ; qu'à la suite de la naissance du dernier enfant et pendant que sa femme était à Paris, Monsieur Margueritat introduisit une demande en divorce dans laquelle il échoua au cours de l'année 1887 qu'il consentit alors à reprendre la vie commune ; Mais que jardinier de son état, il ne travaillait pas qu'il dissipait les gages de sa femme, fréquentait les cabarets et avait des maîtresses qui venaient le chercher au domicile conjugal, que dans ces conditions, l'exposante a quitté son mari en mil huit cent quatre-vingt-huit. Que depuis elle n'a eu jamais de ses nouvelles et s'est toujours chargée seule d'élever leur enfant ; Que Monsieur Margueritat vit maritalement avec sa maîtresse à Paris rue Lecourbe ; qu'il a été surpris en flagrant délit d'adultère le cinq mai mil huit cent quatre-vingt-quinze ainsi qu'il résulte d'un procès verbal dressé par le commissaire de police du quartier de Vaugirard, que ces faits qui constituent des sevices, injures graves, et l'adultère sont de nature à faire prononcer le divorce."
Notre Ivan Auguste MARGUERITAT était donc un homme à femme qui passait son temps avec ses maîtresses au cabaret pendant que sa femme trimait à Paris ! Puis il a vécu à Paris avec une maîtresse qu'il faisait passer pour sa femme, nous dit plus loin le jugement. 

Quel courage pour Julie DAUGERON, en 1895, de demander (et d'obtenir) le divorce ! Elle aura la garde de leur fils Romain Jacques Auguste, et il sera condamné à verser une pension mensuelle de 30 francs jusqu'à la majorité de son fils.

La lecture de cet acte m'apprend certes que nos ancêtres n'étaient pas parfait, mais surtout, elle donne une humanité et du corps à ce membre de la famille qui traînait avec ses maîtresses au cabaret ! J'ai en tout cas bien ri en lisant tous ces détails que je n'aurais jamais soupçonné trouver quelque part. Et vous, avez-vous trouvé des divorcés dans votre généalogie ?

lundi 17 février 2014

Mentalement malade ?

Un mystère entoure pour moi la famille MONORY. Le père, François MONORY, riche meunier de Saint-Loup-des-Chaumes (Cher) vivant dans une grande maison avec de nombreux domestiques fut adjoint au maire puis maire délégué de sa commune. Il eut deux épouses et quatre enfants avec chacune d'entre-elles. Nous allons parler de deux de ses filles, l'une étant mon ancêtre et l'autre sa soeur.

François MONORY
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Virginie MONORY
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Pierre Marie Joseph FRÉMEAU
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Mon grand-père
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Ma mère
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Moi

Mon grand-père, dans ses mémoires, nous a dit que Pierre Marie Joseph FRÉMEAU est rentré de Paris à Châteauneuf pour s'occuper de sa mère "mentalement malade". On racontait en effet que Virginie MONORY était folle. Sachant combien il était rapide autrefois de qualifier une femme en dépression ou un peu agitée de "folle" ou d'"hystérique", je n'y avais pas vraiment prêté foi. Mais voilà que je viens de trouver l'acte de décès de la soeur de Virginie, Clémence Louise MONORY.

(source : Archives municipales de Vallenay - n°1)
J'y apprends qu'elle est décédée en 1920 à l'asile de Beauregard à Bourges. La soeur de Virginie serait donc décédée dans un asile psychiatrique ? Je me demande si les archives départementales conservent les dossiers médicaux des différents asiles. Peut-être pourrais-je en apprendre plus sur les raisons de la "folie" de Clémence Louise. Drôle de destin en tout cas qui toucha ces deux soeurs ...

Plan de l'Asile d'Aliénés de Beauregard
(source : site internet de Conseil Général du Cher)

vendredi 7 février 2014

À la recherche du dossier de Légion d'honneur de Georges BRANCHU 2/2

Aujourd'hui, c'était le grand jour. Je me suis rendu aux Archives Nationales pour consulter le dossier que j'avais réservé la semaine dernière. Ce qui est très impressionnant, c'est qu'on nous donne comme ça, en main propre, un carton rempli d'archives.


En ouvrant ce carton, j'ai vraiment pris la portée du mot archives publiques. En effet, on m'a donné ces documents sans difficulté, mais après tout, une partie de ma famille est conservée à l'intérieur. Chaque Français a un morceau de lui conservé dans les archives, c'est pour ça qu'elles nous appartiennent à tous. À l'intérieur de ce carton se trouvait un énorme dossier.


Sur ce dossier figurait la liste que j'avais trouvé sur internet avec le nom de mon arrière-arrière-grand-oncle et les autres portant la lettre B au début de leur nom de famille et qui étaient conservés dans ce dossier. Que des demandes de Légion d'honneur : certaines ayant abouti, d'autres non. Certains dossiers étaient très épais, d'autres vides, d'autre encore ne contenaient qu'une seule feuille.
    

Le dossier de Georges BRANCHU n'était pas très grand, mais j'y ai trouvé trois documents intéressants.

Tout d'abord, une lettre tapée à la machine du Président de la Chambre de Commerce du Mans reprenant la carrière de Georges BRANCHU telle qu'énoncée dans son éloge funèbre et insistant pour qu'on lui décerne la croix de la Légion d'honneur.



S'ensuit une lettre de ce même Président de la Chambre de Commerce au Ministre du Commerce et de l'Industrie le priant de donner la décoration à Georges BRANCHU.


Cette lettre est accompagnée de la carte de visite du sénateur André LEBERT, associée à une mention manuscrite de recommandation.


"André Lebert
Sénateur
membre du conseil supérieur de l'agriculture
vice-président de la commission supérieure des caisses d'épargne
a l'honneur de signaler
très particulièrement à
la haute bienveillance de 
monsieur le ministre du 
Commerce la [...]
demande de distinction
Concernant M. Branchu
Secretaire de la Chambre
de Commerce du Mans"

André LEBERT
(source : site internet du Sénat)
 Pour la petite histoire, André LEBERT, sénateur UDR et maire de Changé, décède en 1942, deux ans après avoir voté les pleins pouvoirs au maréchal PÉTAIN.

Pour terminer le dossier, la lettre de réponse au sénateur probablement en provenance du bureau du ministre ou de la chancellerie de la Légion d'honneur.



La décoration lui avait été finalement accordée, mais il décède avant de la recevoir. Lors du discours de la promotion de 1923, le ministre d'AUBIGNY regrettera que Georges BRANCHU n'ait pu la recevoir. Grâce à cette recherche, j'ai pris goût aux archives et je pense que je m'y rendrais à nouveau, notamment pour consulter le Cabinet des Titres.