samedi 22 mars 2014

Premier acte en Belgique ... et en latin !

Jeanne Begge Josèphe de BEYER
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Jeanne Guillaumette du FAURE de SAUVEZIE de MEILHAC
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Jeanne dite Jeanne Juliette COMBESCOT-DUREPAIRE
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Jeanne Guillaumette ORIGET-DUCLUZEAU
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André HULIN
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André Eugène Théodose HULIN
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Le grand-père de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Je l'avoue, j'étais impatient d'explorer ces pistes des Pays-Bas et de Belgique car je n'ai jamais eu à m'intéresser à ces pays dans ma généalogie. Pour réussir à franchir toutes les étapes, j'ai d'abord réussi à trouver l'acte de mariage de Jeanne Begge Josèphe de BEYER avec Guillaume DUFAURE de SAUVEZIE à Sainte-Féréole (Corrèze) le 14 août 1754. Après les dispenses de rigueur de l'évêque de Limoges et de l'archevêque-cardinal de Malines, je lis que la mère de la mariée vit dans la paroisse Saint-Michel-et-Sainte-Gudule à Bruxelles. Au delà du nom un peu ridicule de Gudule, j'ai l'âge approximatif de la mariée, et je me dis qu'avec un peu de chance, elle est née dans cette paroisse. 

Armes des barons de Beyer
Le Royaume de Belgique a eu la bonne idée de mettre ses archives en ligne il y a environ un an. Je suis donc allé compulser les actes de cette paroisse en 1733 et je suis tombé directement sur l'acte de baptême de l'ancêtre de ma nièce ... en latin !

(source : Archives de l'État en Belgique - 9998_998_00109_000_0_0001_r - p. 49)
Joanna Begga Josepha filia legitima prae nobilis Domini
Joannis frederici Baronis de Beÿer Consiliarii et
magiStri ordinarii camerae rationum Suae Sacra Ca-
Sareae ac Catholica Maiestatis in belgio austriaco
et Dominae Mariae Alexandrinae Susannae jose-
phae fraula coniugum : Suscep : Dominus Thomas
Augustinus fraula nomine Domini joannis Bap-
tistae Guilielmi fraula et Domina joanna
Emmanuel josepha de fraula matertera prolis
baptisatae
J'ai d'abord été surpris de l'excellente écriture du prêtre. Bon, il faut dire que notre enfant est baptisé dans une cathédrale et dans une capitale européenne, ce qui explique la bonne tenue des registres.

(source : Donaldytong, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
 Grâce à mes restes de cours de latin et un peu d'aide de Google, voici ce que donne approximativement la traduction de cet acte : 

"Jeanne Begge Josèphe fille légitime de noble seigneur Jean Frédéric baron de Beyer conseiller et maître ordinaire de la chambre de comptes de Sa Majesté Impériale et Catholique en Belgique Autrichienne et Dame Marie Alexandrine Suzanne Josèphe Fraula époux : reçu : seigneur Thomas Augustin Fraula nommé [je pense que cela signifie "a tenu pour lui"] Jean Baptiste Guillaume Fraula et Dame Jeanne Emmanuelle Josèphe de Fraula tante de la baptisée"

La mère de Jeanne Begge Josèphe, Marie Alexandrine Suzanne Josèphe FRAULA, a la particularité d'avoir quatre prénoms au début du XVIIIème siècle. C'est relativement rare dans notre pays, moins dans la noblesse du Saint-Empire. Il faut savoir que le grand-père de Jeanne Begge Josèphe est Comte de Fraula, ce qui explique ces débauches de prénoms. Ce ne sont pas des familles princières, mais c'est pas mal quand même niveau titre. Apparemment, Jean Frédéric de BEYER est un familier de l'Empereur Charles VI puisqu'il tient sa chambre des comptes et que c'est ce dernier qu'il l'a anobli Baron de Beyer.

Armes des comtes de Fraula
En tout cas, avec ces archives belges en ligne, c'est le début de nouvelles recherches dans de nouveaux pays. Je suis content d'apprendre que les actes sont en latin et non en flamand. J'aurais eu beaucoup plus de mal à comprendre les actes dans cette seconde langue. Et vous, avez-vous déjà utilisé les Archives de Belgique ?

vendredi 21 mars 2014

Jacques Nicolas MARAIS reçoit la Décoration du Lys

Jacques Nicolas MARAIS
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Jacques MARAIS
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Jacques Aimé MARAIS
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Jeanne Marie Augustine Renée MARAIS
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Le grand-père de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Il y a un réflexe à avoir lorsqu'on a de la famille dans l'Ouest : vérifier les dossiers vendéens. En effet, Sarthe, Mayenne, Maine-et-Loire et Vendée sont des terres royalistes où les chouans ont combattus dans l'Armée Royale de l'Ouest contre la Révolution. 

Jacques Nicolas MARAIS est serger, propriétaire et adjoint au maire de La Jumellière (Maine-et-Loire). Il se marie en 1788 avec Mathurine PAPIN, fille d'un métayer. Je ne leur ai pas trouvé beaucoup d'enfants, mais ce sont des temps troublés dans la région. Une théorie que j'ai eu pour expliquer le petit nombre d'enfants (trois seulement) et leur espacement, était que Jacques Nicolas était parti combattre avec les chouans. Elle s'est avérée juste. Et un magnifique dossier de treize pages accessible en ligne sur les Archives départementales du Maine-et-Loire nous en apprend beaucoup.

Tout d'abord, une lettre au préfet du Maine-et-Loire pour exposer son cas qui nous dresse une parfaite histoire détaillée de sa vie durant les épisodes terribles de la Révolution.



(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - pp. 1-3)
"A Monsieur 
Le Prefet du departement
de Maine et Loire
Monsieur
A L'honeur de vous exposer
Le nomme Jacques Marais que Jusqu'à present lorsque sa
Majesté a daigné répendre ses
Bienfaits sur ses fideles serviteur
ou leur a demandé ou un certificat
d'indigenge ou au moins de grandes
charges de fammille à prouver
qu'il avait cru devoir s'abstenir 
d'exposer ses titres qui des le
Premier travail lui firent decerner
un brevet d'honneur
Il se croit fondé aujourd'hui
a Recliamer une pension
1er Vu une Blessure très grave reçu
A chalonnes en la campagne qu'il 
a fait dans toutes son étendue
outre loire
2° Vu les pertes qu'il a faites
par les fournitures faites à l'amée
qui Consistent
En neuf cent Soixante Six
francs de bons du général Stoflet
qu'il soumettra a Mrs les menbres
de la Commission S'il est nécessaire
les ayant conservee
quinze mille francs valeur en Mdisse
et maisons qui lui furent incendiees
qu'il a perdu durant la Revolution
4° Sur ce qu'ayant exercé les fonctions 
Municipales presque depuis la 
Pacification ; il n'a Jamais dévié
des principes du Pays : s'est dévoué
tout entier et dans des tens de fuite
au maintien de l'ordre tout en conservant
cest mêmes principes ce qui lui a valu
d'exercer ces mêmes fonctions sous le
Gouvernement Légitime qu'ayant été
destitué à l'épocte des cent jours
il repris ses fonctions Sitot que la 
Vendée eut relevé la banière Royale
Comme il avait fait en 99 Joignit
Ses efforts a la Cause commune et
dirigea tout ceux que fit la 
Commune de la Jumellière pour
Seconder son Maire àlors employé
à l'armée, ont Sait que ces éfforts furent
Considérables en hommes et en 
Munitions de Bouches
D'Après une Conduite Si
Soutenue et il ose le dire si
honnorable Le Reclamant espère
que Mrs les menbres de la 
Commission le voudront bien 
Considérer comme Suceptible
d'obtenir une Pension
jacques
marais"
L'orthographe est assez approximative, mais on voit que Jacques Nicolas MARAIS (je suis sûr qu'il s'agit bien du bon car une transcription de son acte de baptême se trouve dans le dossier) a beaucoup perdu durant la Révolution où sa maison et ses biens ont été incendiés.

Suivent quelques documents de Frédéric Joseph de CAQUERAY, maire de La Jumellière, exposant l'honorabilité de Jacques Nicolas MARAIS ainsi que la véracité des bons de la somme de 750 livres donnée au général Stofflet non pour en demander remboursement, mais pour prouver son dévouement à la cause royale.

Thomas DRAKE, Jean-Nicolas Stofflet (1753-1796) général vendéen
(source : domaine public, via Wikimedia Commons)
S'ensuit un certificat médical traitant de ses blessures de guerres.

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 6)
"Je Soussigné Chirurgien exerçant à la
Jumellière 4e arrondissement du département de
maine Et Loire, Certifie que Monsieur
Marais (Jacques) agé de 61 ans ou environ
fabriquant Demeurant Commune de la Jumellière
porte à la partie moyenne interne antérieure
de la cuisse droite une cicatrice de forme a peu près
Ronde Renfermée et adhérente à la pouivrose fascialatre
une autre Cicatrice de même forme et semblable
de tout à la précédente à la partie postérieure
et moyenne de la même Cuisse, qui m'a parru être
comme il me l'a dit le suites d'une Blessure faite
par une Balle qui aurait travresé la cuisse dans
cet endroit, et eut laissé beaucoup de Roideur dans
cette partie. Telle est la pure verité en faveur de laquelle
J'ai Signé à la Jumellière le 26 mai 1825"
Puis, un mot fort sympathique de ses anciens officiers supérieurs.

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 7)
"Nous offers Vendéens Soussignés
certifions que Mr. Jacques Marais adjoint
de La Jumelliere n'a exposé que la 
Verité dans Son Etat de services et que soit
comme Militaire soit comme Magistrat il 
S'est toujours comporté en Brave et fidéle
Vendéen et que Les blessures qu'il porte en sont
La preuve"

Enfin, en 1814, Jacques Nicolas MARAIS reçoit de la part du Duc d'Angoulême la Décoration du Lys.

François Joseph KINSON, Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulème (1775-1844), Grand-Amiral de France
(source : domaine public, via Wikimedia Commons)
La Décoration du Lys était accordée aux hommes ayant été fidèles au Roi et ayant soutenue la cause royale pendant la Révolution. Lorsqu'ils recevaient cette décoration, les destinataires prononçaient cette phrase : « Je jure fidélité à Dieu et au Roi pour toujours ». Le magnifique diplôme de décoration de Jacques Nicolas MARAIS est numérisé dans son dossier.

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 11)
"TITRE POUR PORTER LA DÉCORATION DU LIS.
Au Nom du Roi.
D'après les Ordres de Son AlteSse Royale Monseigneur le Duc d'Angoulême, 
Grand-Amiral de France, avons autorisé et autorisons par cette présente Monsieur
Marais, Adjoint au Maire de la Jumellière, à porter la Décoration du Lis, 
en témoignage de son amour et de sa fidélité envers la personne sacrée du Roi.
Donné à Angers ; le 15 8bre de l'an de grâce 1814.
Par ordre de Son Altesse Royale, 
Le Préfet de Maine et Loire"
Enfin, un dossier relatant ses états de service où il "Demande que S. M. daigne Lui accorder Les recompenses dont il sera jugé Susceptible, et s'il est Possible soit en cet instant soit dans un temps Plus favorable de Prendre Ses pertes et Les fournitures qu'il a faites aux armées de S. M. en considération". On y apprend qu'il fut "Soldat commissaire aux vivres" de 1792 à 1798, qu'il a "passé La Loire et a été à toutes Les affaires jusqu'à Savenay inclusivement - répassa la Loire quatre Mois après ayant eu Le Bonheur de se cacher pendant ce temps Si périlleux" et qu'"il S'est trouvé au comBat de Chalonnes et à dautres". Que pendant la République, il "avoit refusé La place de Maire et donné sa demission aprés Le 20 mars reprit ses fonctions et seconda Le parti de tous ses envoyeur avant et après Le 6 de Mai". Enfin, il est précisé que "ses pertes ont ete Grandes Sa maison Brulée Pendant La guerre avec Beaucoup de Marchandises, enfin Perdit tout ce qu'il Possédoit. (il est fabricant ensuite il fournit pour La Compagnie Des Chasseurs, de Chemillé (armée de Stofflet) pour 960 lt d'étoffes. il en a en été payé en Bons imprimés du Gal Stofflet.".

Ces renseignements sont incroyables et nous plongent complètement au milieu de la Révolution et des vies bouleversées par cet événement (particulièrement dans l'Ouest de la France). En tout cas, j'ai ainsi découvert l'existence de la Décoration du Lys.


dimanche 16 mars 2014

Les ancêtres Luxembourgeois de ma nièce

Guillaume DUFAURE de SAUVEZIE + Jeanne Josèphe de BEYER
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Jeanne Guillaumette du FAURE de SAUVEZIE de MEILHAC
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Jeanne Juliette COMBESCOT-DUREPAIRE
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Jeanne Guillaumette ORIGET-DUCLUZEAU
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André HULIN
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André Eugène Théodose HULIN
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Le grand-père de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

La piste n'a pas été simple à reconstituer car elle passe par de nombreux obstacles : noblesse, protestantisme, Révolution. J'étais en train de reconstituer la famille ORIGET, originaire du Limousin et après de nombreuses recherches, j'ai trouvé l'acte de mariage d'André ORIGET et Jeanne Juliette COMBESCOT-DUREPAIRE. Il se sont mariés en Dordogne en compagnie de la mère de la mariée et de trois métayers. Il faut être discrets, c'est l'an IV et la nouvelle République coupe des têtes. 

Les armes "parlantes" de la famille Origet :
d'azur au chevron d'or, accompagné de 3 branches
d'oranger de sinople, ayant chacune un fruit d'or.
Nos deux époux vont voyager, d'abord dans le Tarn, avant de s'installer à Tours (Indre-et-Loire). La difficulté a été de retrouver les parents de Jeanne Juliette. Lors de son mariage, son père est nommé Jean Baptiste COMBESCOT DUREPAYRE et sa mère Jeanne Guillaumette SAUVEZIE MEILLAC. N'oublions pas que les particules ont été supprimées à la Révolution et que les nobles n'ont pas vraiment de nom de famille. Ils peuvent rajouter le nom de leurs terres au patronyme d'origine pour différencier les branches.

En cherchant bien, j'ai fini par trouver le mariage des parents de Jeanne Juliette à Voutezac en Corrèze. Je suis très intrigué par cette branche car elle est originaire du Limousin, de Dordogne et de Corrèze, tout comme les ancêtres maternels de ma nièce. Par ailleurs, j'apprends que la famille de COMBESCOT vient de Juillac (Corrèze), village d'où sont originaire nos ancêtres SUIVRE !

Voyons ce que nous apprenons des deux mariés et de leur famille. Nous sommes en 1777, avant la Révolution, les noms de familles n'ont pas été amputés et les titres n'ont pas été supprimés comme on peut le voir sur les signatures de l'acte de mariage.

(source : Archives départementales de la Corrèze - E_DEP288GG 9 - p. 185)
Le marié est nommé Messire Jean Baptiste de COMBESCOT, seigneur du Repaire, de Charaux et autres lieux, officier au régiment de Piémont Infanterie, veuf de Dame Suzanne Marie de JOYET.

On voit que la Révolution l'a dépouillé de ses seigneuries et transformé son nom en COMBESCOT-DUREPAIRE. Il signe lui même "Combescot de Durepaire" en haut de l'image. On voit à quel point les noms de famille de la noblesse sont mouvants. 

La mariée est nommée Jeanne Guillaumette DUFAURE de MEILHAT, demoiselle. Ce prénom de Jeanne Guillaumette sera transmis à sa petite-fille.

Elle est dite fille de Messire Guillaume DUFAURE de SAUVEZIE, écuyer, seigneur de Meilhat et autres lieux et de Jeanne de BEYER, baronne de Beyer, dame Dufaure de Sauvezie.

Quelques clics sur Geneanet m'ont permis d'apprendre que cette Jeanne de BEYER est la fille de Jean-Frédéric de BEYER, baron de Beyer, conseiller receveur des aides et subsides du duché de Luxembourg, conseiller et maître de la chambre des comptes à Bruxelles.

Il est anobli baron du Saint-Empire par l'Empereur Charles VI, ce qui explique pourquoi sa fille porte le titre de baronne alors qu'elle est la quatrième d'une famille de sept filles. 


Martin ven MEYTENS, Portrait de l'Empereur Charles VI
En effet, la noblesse du Saint-Empire a ceci de particulier que tous les enfants sont titrés comme leurs parents, sauf les enfants de Ducs qui portent le titre de prince et de princesse. On voit également que l'héraldique du Saint-Empire est bien plus chargée et complexe que l'héraldique française. Quand les DUFAURE ne portent qu'un lion (je n'ai pas trouvé d'indications sûres des émaux et métaux pour l'instant), les BEYER portent ces armes : 

Armes de la famille de Beyer

Les quatre témoins de nos mariés sont : 


  • Messire Jacques Joseph DUFAURE de MEILHAT, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, capitaine en premier du régiment de Royal Étranger Cavalerie avec brevet de major
  • Messire Pierre DUFAURE de MURAT, maître particulier des Eaux et Forêts du Limousin
  • Messire Antoine JOYET de LAGUERENNE
  • Messire Léonard de LA MORELIE de MAVIEU, chevau léger de la garde ordinaire du Roi

Ma chère petite nièce a donc des ancêtres Luxembourgeois. Enfin un peu d'étrangers dans notre généalogie ! La piste va être passionnante à explorer...